HAÏTI MON PAYS, EN UN CLIN D’OEIL.

En novembre 1825, Boyer contracte un énorme emprunt auprès d’une banque française afin de payer la première tranche de l’indemnité.  Les conditions du prêt étaient très désavantageuses : le gouvernement haïtien était obligé de rembourser 30 millions de francs sur 25 ans à un taux d’intérêt annuel de 6 pour cent, mais la banque facturait 20 pour cent supplémentaires gratuits juste pour fournir l’argent à Haïti, donc en fait  seulement 24 millions de francs ont servi à l’indemnité.  Cet arrangement a contribué à créer ce que les Haïtiens en sont venus à appeler la « double dette » de l’indépendance, avec le montant initial de l’indemnité considérablement augmenté à long terme par les frais de prêt et les intérêts… Avec l’indemnité, Haïti est soudainement devenu une nation débitrice, une  pionnier malchanceux des malheurs de l’indépendance économique postcoloniale (p. 102).

Chaque année, le président Boyer a du mal à payer la France en raison du déficit économique du pays et des dettes nationales et étrangères supplémentaires.  Haïti a fait défaut de paiement.  Le roi Charles ne négocierait pas.  La France a menacé Haïti avec des navires de guerre dans les principaux ports d’Haïti.  Sous la pression d’une éventuelle invasion ou d’une guerre et par peur de perdre l’indépendance du pays, le président Boyer a dû vider le trésor du pays de ses réserves pour payer la dette immorale des anciens maîtres et colonisateurs d’Haïti.  Un historien observe : « Au cours des années 1825 à 1831 inclusivement, les dépenses annuelles d’Haïti ont dépassé les revenus d’un montant allant de 220 000 gourdes à 1,3 million de gourdes » (Heinl, Written in Blood, p. 171).  Vers 1838, il a été rapporté que 30% du budget annuel d’Haïti allait au Trésor français pour payer la dette coloniale.  La même année, la France et Haïti ont signé un autre traité appelé Traité d’Amitié »/« Traité d’amitié » qui a réduit l’encours équilibré à 60 millions de francs.  Haïti s’endette davantage pour payer la somme restante due à la France impériale.

  *** Une note de rappel : Il est bon de noter ici que sous Boyer et d’autres présidents précédents, Haïti avait connu l’hostilité et l’exclusion étrangères, et aucun pays n’était disposé à commercer légalement avec Haïti.  Les grandes puissances mondiales (France, Grande-Bretagne, États-Unis) à l’époque ne reconnaissaient pas l’indépendance d’Haïti parce que la France ne la validerait pas légalement.  Boyer était soucieux de retirer Haïti de cette situation commerciale et commerciale avec ces puissants pays internationaux.  Après la reconnaissance officielle, Haïti a pu établir des relations commerciales avec les pays mentionnés et ceux de la région latino-américaine.  Pourtant, c’est jusqu’en 1947 qu’Haïti a pu rembourser le prêt avec les intérêts courus liés à l’indemnité à la France.  Les 90 millions de francs qu’Haïti a versés à la France ont énormément contribué au développement économique brut et à la pauvreté abjecte d’Haïti;  l’indemnité a gravement blessé la capacité du pays à prospérer dans le monde moderne.  Cette importante somme de dette remboursée à la France aurait pu être utilisée pour améliorer l’éducation et l’agriculture d’Haïti, améliorer les soins de santé nationaux et les logements sociaux, et construire des infrastructures plus solides dans le pays.  L’institution de l’esclavage ainsi que la colonisation et le capitalisme financier ont de graves conséquences et leurs effets continuent de hanter Haïti aujourd’hui.

Pour répondre à la dernière partie de la question, à ma connaissance, il n’y a pas de mouvement existant en Haïti ou dans la diaspora haïtienne qui fasse pression sur la France pour qu’elle fasse la chose la plus morale et éthique : rendre l’argent à Haïti.  Il n’y a pas de mouvement international en dehors d’Haïti demandant des réparations à la France.  En revanche, la France était censée payer des réparations à Haïti indépendant pour l’esclavage mobilier et pour avoir reçu du travail non rémunéré de la population africaine asservie dans la colonie française de Saint-Domingue pendant près de 300 ans.  Au lieu de cela, ils ont fait la chose la plus impensable, ce que j’appelle le grand vol colonial contre le peuple d’Haïti.  En 2002, l’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide a demandé à la France de verser une récompense formelle au peuple haïtien.  La France a ignoré l’exigence morale d’Aristide.  Tout comme l’esclavage et la colonisation, l’indemnité de 150 millions de francs était un crime international contre l’humanité et une violation catégorique des droits économiques de l’État haïtien et du peuple haïtien.

3) Comment décririez-vous le sentiment général des Haïtiens suite à l’assassinat du président Jovenel Moise ?  Et quelle a été votre réaction personnelle ?  Et selon vous, quelle est la prochaine étape pour le gouvernement ?

  L’assassinat du Président de Jovenel Moïse le mercredi 7 juillet 2021 à 1h00 du matin a créé un sentiment de mélange parmi le peuple haïtien en Haïti et la diaspora haïtienne.  Je voudrais souligner trois raisons principales de ce sentiment et de cette attitude ambivalents envers la mort tragique du président.  Premièrement, de nombreux Haïtiens croient que le Président Moïse défiait et attaquait la classe bourgeoise d’Haïti (l’oligarchie haïtienne) et la petite minorité d’élite qui exploitent les masses haïtiennes, au cours des deux premières années de sa présidence.  Ainsi, ces mêmes citoyens haïtiens le considéraient comme celui qui changera l’ordre des choses dans le pays, améliorera ses mauvaises infrastructures et renforcera l’économie et les productions nationales d’Haïti.  Ces individus haïtiens interprètent sa mort comme héroïque, certains prétendant même qu’il est mort en martyr pour le peuple haïtien.  Ils ont jugé qu’ils avaient tué le Président Moïse parce qu’il défendait les intérêts du peuple haïtien.  Je voudrais appeler ces citoyens haïtiens le Groupe Pro-Moïse. Allez a la page suivante SVP 

1 commentaire

  1. Haiti en un clin d’œil !!??
    Je dirais plutôt Rappel sur la grande et stupéfiante histoire d’Haïti. Les faits sont racontés et décrits avec beaucoup de détails. Des tranches d’histoire qu’on a oublié, méconnu ou mal compris sont repris ici dans l’ordre chronologique. En effet, notre histoire est une histoire hors pair, unique, captivante qui devrait inspirer surtout la jeunesse d’aujourd’hui afin de comprendre que Haïti n’est pas seulement cette image dégradante qui défile sous nos yeux depuis quelques temps. Frantz encore une fois, ce travail est une mine d’or, une belle contribution pour tes lecteurs acides de connaissance. Bon travail cher ami!!

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