Humiliation
C’est le manque qui transforme souvent des choses insignifiantes en superrêve.
En lieu et place d’une voiture, j’ai connu de durs moments d’humiliation. De la part de conducteurs de camionnettes, d’autobus qui m’ont tiré avec rage par le bras pour me faire descendre, quand ils prétextaient ne plus vouloir faire le trajet; de connaissances qui feignaient ne pas me voir au bord de la route pour ne pas me prendre à bord de leurs véhicules ou qui s’arrêtaient tout simplement pour me signifier qu’ils ne me prendraient pas à bord de leurs rutilantes automobiles.
La plus humiliante expérience liée au moyen de transport que j’ai connue, c’était en 2002. J’étais avec des collègues de travail après une forte pluie. C’était au Bicentenaire. Nous étions cinq à sortir ensemble du bureau. Un seul parmi nous avait un véhicule parqué au-dehors. C’était une femme. Elle a proposé de nous déposer quelque part pour pouvoir prendre une camionnette ou un taxi. J’ai laissé monter les dames avant moi et même un autre collègue. Je suis monté en dernier. La conductrice est alors descendue, a ouvert ma portière et, sans ménagement, m’a intimé l’ordre de descendre de son véhicule. J’ai cru d’abord que c’était une plaisanterie. Car je n’empestais pas, j’étais l’ami de tout le monde (c’est ce que je croyais en tout cas), je n’avais pas de différend avec elle… J’ai eu un rire innocent, mais rempli de gêne. Je me disais que c’était quand même une mauvaise blague. C’est quand elle a donné à nouveau l’ordre, avec plus de sévérité que la fois précédente, de descendre de son véhicule que j’ai réalisé qu’elle ne plaisantait pas. 17 ans plus tard, en y pensant, je ne sais toujours pas quel pied j’avais mis à terre le premier. Je me rappelle seulement qu’elle avait expliqué aux autres, pas à moi, que trois personnes à l’arrière pourrait bousiller les pare-chocs de sa voiture.
16 acquisitions
Depuis, j’ai fait l’acquisition de huit véhicules, dont trois tous neufs. Ils étaient tous réels. Et j’ai aussi offert huit voitures neuves à des gagnantes de Miss Vidéomax et de Miss AnanayizZ/Miss Earth Haiti.
Tout ceci a été le résultat de durs labeurs réalisées avec honnêteté et constance en Haïti. J’ai pu réaliser l’impensable sur la terre qui m’a vu naître. J’avais la confiance que j’étais capable de tout faire ici. Je n’étais pas du tout disciple de la croyance qui fait croire que dans ce pays nous sommes limités. Seul le ciel était ma limite. Croire que cette terre était un espace riche d’opportunités me revenait comme un leitmotiv.
Aujourd’hui, quand je regarde en arrière, j’ai la tête qui s’enfle de doute quant à la réalisation de pareils rêves demain.
Chers politiciens et dirigeants haïtiens, qu’avez-vous fait de ma terre de rêve? Plus rien n’est reconnaissable ici. Plus rien n’est envisageable. Je rejoins le rang de ceux qui partiront d’ici, qui se sauveront dès qu’ils pourront. Dommage que je ne pourrais pas m’enfuir avec mon cœur qui, en Haïti, demeurera pour toujours.
Avec toute ma déception et mon regret.
Gaspard Dorélien, MA gaslover@yahoo.frAuteur
L’histoire de monsieur Dorélien reflète à quelque niveaux que ce soit l’histoire de chaque Haïtien qui s’était battu pour concrétiser ses rêves malgré les viscissitudes de l’existence dans un pays à la voie dure comme Haïti. Quand le temps est dur les durs entre en action pour se prouver là où les autres se bousculent afin de prendre leur recul au lieu de continuer à se battre pour changer favorablement la donne.
Il est parfois nécessaire de changer de sphère toute en restant fidèle à sa terre en paroles et en actions qui la régénère. La nostalgie est pour la plupart du temps le fruit récolté par les déserteurs ayant peur de la douleur que requiert le bonheur d’avoir osé d’assumer ses parts de responsabilité dans la lutte pour sauver sa communauté. Le sens de cette lutte va plus loin que la réussite individuelle, il embrasse une prédisposition aux pires sacrifices à consentir par chacun pour se faire une image commune de grands gagnants à titre de peuple. Parler de ses déboires individuel n’a de valeurs que s’ils embrassent la cause commune. Car, à quoi cela servira de réaliser ses rêves individuels les plus beaux dans un enfer à ciel ouvert? Un américain pauvre se trouve en de meilleures posture en terre étrangère qu’un riche en provenance d’un pays pauvre. Quand la force de cohésion sociale est trop faible, tous les éléments de l’ensemble risque de subir les effets de la dislocation. Et l’inverse est aussi vrai. En un clin d’oeil, Haïti est son histoire, l’idéal cosmopolite de ses fondateurs, la richesse de son paysage, la résilience du peuple qui refuse de cesser de croire que le changement est possible…..
Nous sommes il est vrai à un tournant difficile de nos vecus communs. Les defits sont de taille. Toutes les méthodes sont bonnes pour tenter le changement souhaité, il suffit qu’elles ne soient pas incluses dans le retrait du champs de bataille. Nous avons une belle patrimoine historique à sauvegarder et aussi une identité de peuple à renforcer. Aucun autre endroit ne pourra nous offrir mieux en ce sens. Fuyons pour mieux revenir en forces avec de nouvelles ressources et de nouvelles expériences, mais n’abandonnons jamais peu importe la gravité de la dure réalité actuelle. Car disons nous que c’est notre responsabilité à nous et nous devons l’assumer tôt ou tard. Merci mon ami pour ta contribution.
A moi de te remercier pour avoir apporter ton grain de sel dans cette nourriture sans saveur que nous avons tous à goûter d’abord pour voir comment l’agrémenter par nos efforts individuels , certes , mais qui en fin de compte devra servir à la communauté.