Une histoire du terroir pour nous sortir de quelques tabous

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Voici.

L’énigme du zombi, du vodou,

du poto mitan et de l’amitié

Maxette Olsson

L’Haïtien:

Il était une fois, les après-midi du jeudi, jour de repos scolaire dans les années 1950 où la candeur culminait au royaume de l’enfance, l’avidité de connaissance des enfants de la cour créole sur l’île inconnu sur la carte du monde, s’abreuvait de tous les mythes et légendes, ces récits fabuleux qui allaitent généreusement le merveilleux de l’imaginaire.

“- Krik!” annonçait le poète et conteur Haïtien Jean-Daniel Alexis.

– Krak! hélaient les enfants autour de lui de toute la force de leurs poumons.

“-Limen boukan! (Allume le feu!) Koute pou konprann! (Écoutez pour entendre!)

Malice était invité à un banquet chez M. Louwa, un cossu propriétaire de terres et misérable grigou. Dans ces temps longtemps, les poisons étaient des armes qui faisaient tilili (nombreuses), aussi se flanqua-t-il de son inséparable et naïf compère Bouki comme goûteur de manger. Krik!

-Yé mistikrak! reprenaient les petits mounes (enfants).

“-Lè w ap manje ak dyab, ou kenbe fouchèt ou long.” (Quand tu manges chez le diable, tiens bien ta fourchette.) Après avoir avalé un accra (petit beignet fait avec la racine malanga), Bouki comme dit comme fait, se tordit de douleur comme une anguille qui a la chiasse et tomba raide mort blip!

Malice tout malheureux comme la pierre d’avoir perdu son bon compère, pleura gros de l’eau jusqu’à avoir des hoquets de chagrin. “Se lè koulèv la mouri, ou wè longè l. (C’est lorsque la couleuvre est morte, qu’on remarque sa longueur.) Il fit à son ami un bel enterrement avec une longue veillée de charades et devinettes et même lui porta les neuf mois traditionnels de deuil. Inconsolable il était.

Quelques années plus tard, Guy-Robert un petit voisin aux longs cheveux nattés comme une fille, qui aimait à dériver et tirer banza (lance-pierres) dans les bois à la sortie de l’école, bourra avec Malice pap! Et lui cria dans la figure:

-J’ai vu Bouki! J’ai vu Bouki!

Le mystère

L’Haïtien Jean-Daniel excellent conteur et imitateur de différentes voix, s’en donnait à cœur joie:

-Mais Bouki est mort. Qu’est-ce que tu racontes petit menteur?

-Je ne suis pas menteur. Je suis un homme des bois. “Twou manti pa fon.” (Le trou du mensonge n’est pas profond.) “Krinolin kache gwos men tranche mete li deyò.” (La vérité finit toujours par se faire jour.) J’ai vu Bouki de mes deux yeux, s’empressait Guy-Robert en sueur. Il ouvrait son index et son majeur en V et se pointait ses cocos d’yeux. Il n’est pas mort. Je le vois presque tous les jours avec mes deux yeux, là.

-Où? s’enquit Malice.

-Près du quatre-chemins, derrière le grand champ de patates douces de monsieur Louwa. Il fouille là avec beaucoup d’autres gens. Je le vois, mais il fait comme s’il ne me reconnaît pas, alors je ne lui dis rien.

-Tu as peut-être vu son portrait.

-Non! C’était bien lui, même si ses yeux regardaient dans le vague. C’est comme si il est là, mais il n’est pas là. C’ était lui je te dis Malice. Je porte des nattes, mais je sais ce que je dis. Je ne suis pas fou.

-Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant?

-Écoutes moi Bouki! Avec ma coiffure, ce n’est pas à moi de dire que le roi est enterré sans caleçon. Je m’occupe que de ce qui me regarde dans le blanc des yeux. Bouki ne me regarde pas. “Zafè kabrit pa zafè mouton.” (Les affaires du cabri ne sont pas les affaires du mouton.)

-J’ai moi-même enterré Bouki dans un trou sous la terre. Il est mort un point c’est tout, insista Malice sceptique.

-Eh ben! Il paraît que monsieur Louwa l’a déterré, lui a soufflé dans les oreilles et sur les yeux pour le faire travailler pour lui. “Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.” Si tu ne me crois pas, va sous le pied de mangos au quatre chemins, attends et regarde toi-même avec tes yeux!

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