Une histoire du terroir pour nous sortir de quelques tabous

 

Afrique et vodou

Encore l’Afrique. Quel pouvoir avait ce pays?” se demandait Damida tout-bas. Et comme s’il se parlait à lui tout seul, Jean-Daniel déclama dans un silence:

“-La religion Vodou est la spontanéité qui équilibre le connu et l’inconnu, bien cachée derrière les manifestations de la toute-puissante nature. C’est la réflexion de l’hymne divin. Considérée maléfique par le Code Noir de 1685 des colonialistes qui déclarèrent le baptême de la religion catholique obligatoire, elle est malheureusement discréditée. Depuis notre indépendance en 1804, elle est aussi importante que toutes les religions. Nos prêtres, nos prêtresses et nos adeptes veilleront à ce qu’elle se perpétue, car c’est une religion monothéiste qui reconnaît l’existence d’un seul Dieu: Granmèt. Notre prière Dyò commence par l’invocation du Grand Père Éternel.

Les fonctions des prêtres et prêtresses vodouistes sont la guérison, la cérémonie pour les nouveaux prêtres et prêtresses, prédire l’avenir, expliquer les rêves et fabriquer des objets de protection et les potions. Pratiquer notre foi est d’abord communiquer avec Dieu en étant à son service dans la joie en chantant et en dansant, comme on le fait dans toutes les messes et les cérémonies. Certaines liturgies chrétiennes autorisent bien à boire le sang du Christ et manger son corps.”

Jean-Daniel commençait à s’échauffer. En voyant les yeux des enfants rivés sur sa bouche, il se calma et continua:

“-Je ne vais pas m’étendre sur notre foi, parce que comme toute connaissance divine, elle requiert une initiation de la mort à la renaissance. Je vous dirai tout simplement que Vodou signifie esprit, divinité. Il est le mot haïtien qui résume les rituels musicaux pratiqués encore par le peuple Yoruba au Nigeria et au Bénin dont la religion porte le même nom. Cette croyance aux multiples dieux est comparée aux Anciens grecs et leur panthéon. Les rituels chantés et dansés et les sacrifices souvent d’animaux, servent à la convocation des dieux qui empruntent le corps de leurs fidèles pour s’animer. Malgré toutes les interdictions, elle est encore pratiquée au Brésil sous le nom de Macumba et Camdoblé, à Cuba c’est la Santéria… Chez nous en Haïti, nous avons deux rituels. Celui du Rada et de Petwo. Toi Damida tu appartiens aux trois aspects d’Erzulie. Erzulie Freda Daomé, Erzulie Dantò et Gran Erzulie Notre Déesse de l’Amour, de la beauté, de la sagesse et la maturité qui porte le nom d’une rivière au Nigeria: Azili.”

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