DJT L’AVATAR Qui vient renverser l’ordre des choses

Il n’existe pratiquement aucune institution viable en Haïti et l’Etat n’est qu’une fiction. Le système éducatif totalement démantelé, n’arrive à fournir les compétences nécessaires pour surmonter ce drame alors que plus de 80% des diplômés haïtiens vivent à l’étranger.

La jeunesse -statistiquement majoritaire- est aux abois. Sans repères, elle est gagnée par la dépravation, la corruption et la prostitution. Pour elle, aucune lueur n’est encore visible au bout du tunnel. Et ça va durer encore longtemps. Gobée par l’acculturation et arrimée aux dérives d’un ordre économique mondial délétère (consumérisme, acculturation, distraction par les medias, etc.), elle se révèle incapable de cerner le fond du problème afin de saisir les véritables enjeux.

Un pays vidé de sa substance

Il faut côtoyer de près la misère pour avoir réellement une idée de ses mécanismes de déshumanisation. La pauvreté comporte cet aspect cynique, de forcer ses victimes à acclamer leurs bourreaux tels des libérateurs. C’est peut-être ce qui explique cette frénésie des Haïtiens à fuir leur pays, à destination des Etats-Unis, pour jouir de leur morceau du rêve américain.

Aujourd’hui, tout laisse croire que le consulat des Etats-Unis en Haïti est l’une des entreprises des plus performantes, tellement les Haïtiens se pressent devant ses comptoirs pour le fameux sésame qui les autorisera à poser le pied sur la grande terre des opportunités.

Ils sont tous les jours ouvrables, des centaines à s’aligner devant l’ambassade des Etats-Unis, payant chacun 160 dollars le rendez-vous pour se voir massivement refuser un visa. Certains des plus fortunés qui le décrochent, partent le plus souvent pour ne jamais revenir dans un pays ou chaque seconde de vie est une raison de plus pour partir à l’étranger.

Les Etats-Unis adorent ce jeu, puisqu’une bonne partie de la diaspora haïtienne qui soutient l’économie du pays à travers les transferts d’argent réside actuellement chez lui.

Ceci constitue un puissant levier politique qu’il dispose pour forcer certains dirigeants « récalcitrants » d’adopter toutes mesures qui doivent satisfaire ses ambitions. C’est ainsi, dans la moindre manifestation de souveraineté de la part de certains Haïtiens, la menace principale de l’ambassade des Etats-Unis consiste en la révocation d’un visa ou le blocage d’un certificat de résidence sur le sol américain.

Aujourd’hui, il n’y a que l’Haïtien qui n’est pas encore né qui ignore que l’ambassade des Etats-Unis est « LE POUVOIR » en Haïti. Les câbles de Wikileaks révèlent que l’ambassadeur américain fit d’énormes pressions sur le président haïtien, René Préval, en 2009, pour empêcher l’ajustement du salaire minimum. Alors qu’aux Etats-Unis un ouvrier américain gagnait 58 dollars par jours, les USA refusait que le salaire d’un ouvrier Haïtien passe de 21 à 61 centimes l’heure.

Dès qu’il revient d’indexer ces impostures, les médias, les organisations de la société civile et les politiques font carrément profil bas, puisque le dollar américain assure leur fonctionnement.

Fort de tout ceci, quel euphémisme utiliser pour exprimer que la nation la plus puissante du monde fragilise la stabilité et la démocratie en Haïti, sans être taxé d’antiaméricanisme ?

L’ancien président vénézuélien, Hugo Chavez, dans une lecture d’un billet de Fidel Castro, affirma avec sa verve habituelle que Haïti est un pur produit de l’impérialisme américain. Ce discours aura plus tard l’écho d’un ambassadeur de l’Organisation des Etats Américains (OEA), Ricardo Seintenfus qui avança dans une interview que « le plus grand malheur d’Haïti, c’est sa grande proximité avec les Etats-Unis ». Pour le professeur américain Bill Quigley, les Etats-Unis doivent des milliards de dollars à Haïti parce que depuis qu’elle [Haïti] a brisé le joug de l’esclavage, les Etats-Unis l’ont considéré comme une vieille plantation.

« Les Etats-Unis n’ont pas d’amis ni d’ennemis permanents, mais seulement ses intérêts » Henry Kissinger

Comment le pays le plus pauvre de l’hémisphère peut-il résister à la nation la plus puissante qui est l’instigateur principal de ses dysfonctionnements ? Les Etats-Unis c’est quand même un territoire plus de 330 fois plus vaste et une économie dont le PIB est environ 200 fois supérieur à celui d’Haïti. La fortune de son citoyen le plus riche vaut neuf fois le PIB d’Haïti.

Ceux qui ne connaissent point les réalités des pays pauvres s’empressent de conclure que la grande pauvreté et la corruption ne sont que des produits découlant de l’irresponsabilité des indigènes qui refusent d’organiser leurs propres pays. La critique est aisée, surtout lorsque ceux qui l’avancent ignorent le mode opératoire de l’impérialisme, et sont formatés par les instruments idéologiques de ceux à qui profitent cette critique. Et c’est précisément le cas des Etats-Unis dont l’influence culturelle et la domination médiatique sont sans égal dans le monde.

D’aucuns comprendront l’impossibilité pour une communauté dont le souci premier est la survie à travers l’émigration, de disposer de suffisamment de cohésion pour s’organiser et répondre de manière articulée à certaines formes d’oppression. En plus de démanteler la cohésion sociale, la misère provoque l’absence de personne ressources, ce qui constitue l’une des principales causes d’incapacité d’organisation et de prises de décisions collectives. Plus de 80 % des haïtiens diplômés vivent à l’étranger selon une étude de la Banque mondiale. De plus, l’oligarchie et bonne partie de l’élite intellectuelle sont traditionnellement les principaux éléments contre les intérêts d’Haïti. Ce qui reste en Haïti, principalement sa jeunesse, n’est qu’un produit dérivé d’un système de destruction soigneusement programmée. Gobée par l’acculturation américaine et arrimée aux dérives d’un ordre économique mondial délétère (consumérisme, acculturation, distraction par les medias, etc.), elle se révèle incapable de cerner le fond du problème afin de saisir les véritables enjeux.

L’Histoire absoudra

Un jour la puissance des Etats-Unis connaitra certainement son terme. Les historiens se mettront à questionner le cynisme de cette superpuissance qui côtoya sans gêne dans son giron l’un des pays des plus misérables de la planète.

Ils iront dans les annales de l’histoire et verront que Haïti devint la première République noire du monde en combattant l’armée la plus puissante du monde en 1803. Les Etats-Unis l’ont mis soixante ans en quarantaine avant de reconnaître son indépendance.

Par la suite, cette superpuissance occupa ce petit territoire pendant 19 ans de 1915 a 1934. Elle a soutenu l’une des dictatures des plus féroces pendant 29 ans, réoccupa le territoire en 1994 et imposa un embargo qui dévasta son économie.

Cette puissance fut le rempart le plus sûr des régimes anarcho-populistes et antidémocratiques qui démantelèrent les institutions d’Haïti pendant longtemps. Ils découvriront que ce pays a appauvri sa paysannerie en la forçant à tuer ses cochons créoles pour importer celui des USA.

Ils verront aussi qu’une portion du territoire haïtien, l’ile de la Navase, est confisquée par les Etats-Unis et interdite d’entrée aux citoyens haïtiens.

Les historiens questionneront surtout ce cynisme par le fait que ce pays dont ses héros épaulèrent les nordistes dans la bataille de Savannah, n’a pas bénéficié d’aucun ménagement des américains pour aider son peuple à évoluer.

Ce qu’ils ne manqueront pas de souligner, c’est surtout cette froide indifférence du premier président noir des Etats-Unis envers la première République noire du monde

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